📢 « Salle comble” mercredi 22 mai à SantExpo à l’occasion de l’intervention de notre expert BRUNO LAUDAT, puisque c’est debout que de nombreux auditeurs et auditrices ont assisté à sa présentation : ENFERMEMENT PSYCHIATRIQUE : QUELLES RÉPONSES ARCHITECTURALES ?
La problématique était aussi simple qu’impliquante :
Comment prendre en charge des patients objectivement ou supposément dangereux, sans que les exigences sécuritaires réduisent la réponse architecturale à une logique carcérale… au risque d’aggraver les violences.
🎓 Ce qu’il fallait retenir :
En introduction, Bruno a insisté sur l’importance de distinguer deux origines de la violences observées en UHSA :
> La violence pathologique, de l’ordre de la maladie qui reste spécifiquement du domaine médical,
> La violence domestique au sens étymologique du terme, de l’ordre du lieu, de l’espace de vie et de ses occupants. On comprend dès lors toute la légitimité de l’architecture à pouvoir alléger cette violence qui ne fait que s’ajouter à la première.
Cette gestion architecturale de la violence domestique peut se résumer à deux problématiques principales :
➡ 𝗨𝗻𝗲 𝗿𝗲́𝗳𝗹𝗲𝘅𝗶𝗼𝗻 𝘀𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗰𝗵𝗲𝗺𝗶𝗻𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁
Le cheminement conçu à l’économie, comme strict gestion de flux est automatiquement oppressant, il se concrétise trop souvent en sa caricature : un couloir en cul de sac, mal éclairé, ponctué d’une multitude de portes identiques et se faisant face.
Ce couloir et ses déclinaisons, ne peuvent que renvoyer les personnes souffrantes à leur statut de “prisonnier”, imposant de surcroît des proximités, des promiscuités, des croisements entre patients qui doivent pouvoir être évités.
Il s’agit au contraire de prioriser une forme de cheminement en boucle, ouvert, lumineux offrant des options de parcours. Ils permettent une liberté de mouvement et offrent la possibilité de s’extraire de l’animation. Cela n’entame en rien la sécurité, en permettant de voir et d’être vu sans être dans un rapport frontal. On autorisera l’accès libre à des jardins sécurisés afin de permettre une libre circulation extérieur / intérieur.
➡ 𝗛𝘂𝗺𝗮𝗻𝗶𝘀𝗲𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗼𝗻𝘁𝗿𝗮𝗶𝗻𝘁𝗲𝘀
Le rôle de l’architecte est aussi de répondre aux questions non posées. L’architecture carcérale, on le conçoit, est facilement réduite à l’utilitarisme le plus déshumanisant.
Il s’agit donc pour l’architecte de déconstruire une “esthétique” de l’enfermement en transcendant ses codes tout en maintenant leur fonctions contenantes. Bruno Laudat a illustré cette approche par la réinterprétation du barreaudage. Les troncs d’un motif végétal positionné en fond de coffrage de panneaux préfabriqués en béton deviennent barreaudage devant les fenêtres. Les barreaux sont là, mais d’abord comme un parti-pris décoratif. Une démarche qui peut sembler subtile, mais qui, portée à d’autres détails, adoucit efficacement un stress inutile.
Humain, jamais trop humain…